Le DSI qui veut réconcilier technologie et management

Après diverses expériences chez de grands éditeurs, SSII et cabinets de conseil, Pierre-Eric Cognard fonde Valeurs et SI en 2014 avec un objectif pour faire bouger les organisations : réconcilier le monde de la tech au monde du management. Entretien avec cet expert qui permet à la technologie et l’innovation de redéfinir la valeur d’une entreprise.

Interview pour IT Shaker par Clothilde Cambournac

Qui est “Valeurs et SI” ?

Notre entreprise exprime son ADN dans son nom autour de deux notions fondamentales à nos yeux : la valeur et le système d’information. La valeur se décline dans la valeur ajoutée que nous apportons à la conduite du changement ainsi que la valeur créée (financière ou autre) par la mise en oeuvre d’un projet SI.

Les valeurs d’une entreprise sont aussi importantes que son savoir-faire premier. Elles sont corrélées autant à son activité qu’aux besoins de ses clients.

Nous intervenons sur le système d’information de l’entreprise dans le cadre de projets digitaux (IoT, blockchain, data, ERP, CRM, site web…) afin d’accompagner la conduite du changement et le choix des solutions avec un objectif de valorisation quali ou quanti pour l’organisation.

Quels secteurs et quelle typologie d’entreprise font appel à Valeurs et SI ?

Notre périmètre d’intervention se situe dans un rôle de direction des systèmes d’informations en apportant une vision 360° du produit dans l’entreprise, orienté business et customer centric (centré client). Nos interventions concernent des sujets aussi diverses que les outils de DAM (Digital Asset Management), le choix d’ERP, le PLM, l’IoT ou l’IIoT. La majorité de nos clients sont issus de l’industrie agroalimentaire, mécanique, chimie et pharma réalisant un chiffre d’affaires entre 20 et 700 millions d’euros. Il faut reconnaître qu’en dehors de cette typologie d’entreprise, les services que nous proposons sont généralement internalisés.

Quel est votre regard sur la technologie et la transformation numérique dans l’entreprise ?

J’ai le même point de vue que la plupart de mes clients… La conduite du changement est compliquée. Pour les métiers comme le marketing, les ressources humaines ou l’atelier, entamer le chantier de la transformation digitale est une démarche difficile. Par exemple, passer d’un modèle “tout papier” à l’informatisation des ateliers se solde souvent par un échec.

Ce sont par ailleurs ces précédents échecs ayant mené à une rupture parfois coûteuse pour l’entreprise qui alimentent une peur du changement forte. Le facteur clé de réussite reste dans la capacité à s’appuyer sur l’existant pour embarquer les hommes dans une transformation nécessaire à travers les valeurs et métiers de l’entreprise, en apportant une valeur palpable pour le salarié et/ou le client de l’entreprise. À mon sens, il faut se méfier de “l’effet marketing” de la transformation digitale et réfléchir à la direction de son projet SI avant de se lancer. Pourquoi faut-il digitaliser et pour qui ? Par expérience, la transformation est rarement initiée par la direction générale mais par l’utilisateur final qui sera convaincu.

Le DSI, son rôle et son influence aujourd’hui sur la technologie dans l’entreprise?

Il doit évoluer et se transformer. Nous sommes à l’ère du DSI 4.0. Le temps du DSI qui fournit simplement du matériel et maintient les serveurs est révolu. Il est devenu le référent de la technologie qui s’adresse à toute l’entreprise avec une vision nécessairement transverse. En ce sens, je partage l’avis de Gartner, le DSI est le premier “vendeur” de technologie au sein d’une organisation. 

Aujourd’hui, la technologie vient de l’extérieur et le DSI se doit d’être force de proposition pour répondre aux nouveaux usages des utilisateurs et dans un temps qui est plus rapide Par ailleurs, la valeur d’une entreprise s’est accrue avec son système d’information. Le DSI agit directement sur les modes de management en aidant les utilisateurs. Il est la seule personne capable de faire le lien entre l’existant et les nouvelles technologies.

Big Data et Data management ?

Ce sont des concepts forts. La data est perçue comme l’or noir de demain grâce à des modèles performants comme Amazon. Or, ce modèle ne peut s’appliquer qu’au seul domaine de la vente en ligne. La réalité est toute autre pour la majorité des PME ! S’il y a effectivement production massive de données, le volume est bien en deçà des millions de données générées par Amazon qui en fait une exploitation profitable via l’intelligence artificielle.

À l’heure actuelle, la donnée qui sert à créer de nouveaux services est celle issue de l’outil de production. Les données issues des machines profitent à l’industriel ainsi qu’au fabricant pour les services de maintenance prédictive par exemple.

Les facteurs clés de réussite d’un projet ?

Le facteur clé de réussite dans tout projet est de définir au préalable les objectifs et enjeux du projet. Cela peut paraître évident, mais c’est trop souvent un écueil. Il est indispensable de définir un cap afin de savoir d’où on part (existant) et où on souhaite aller. Sans objectif, vous n’aurez pas d’enjeux et donc pas de gain évaluable. Il ne s’agit pas forcément de rechercher la rentabilité financière.

Un projet SI, c’est comme un voyage organisé ! Vous préparez et organisez à l’avance le transport, l’hébergement et le budget. Bien définir le périmètre de son projet en impliquant les utilisateurs en amont est une véritable garantie de succès.

©janvier 2020 – Clothilde Cambournac pour IT Shaker

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